I – Indexation automatique : quand les machines aident à lire le passé

Tu as sans doute déjà passé des heures à déchiffrer un acte ancien, à hésiter entre deux lettres d’une écriture du XVIIIe siècle, ou à chercher un nom parmi des centaines de pages d’un registre.
C’est un travail passionnant, mais long et parfois épuisant.

Bonne nouvelle : les nouvelles technologies viennent à la rescousse !
Grâce à l’indexation automatique et à la reconnaissance optique de caractères (OCR), les ordinateurs peuvent désormais lire, transcrire et indexer les documents d’archives à une vitesse incroyable.

Mais comment cela fonctionne exactement ? Et en quoi ces outils changent la pratique de la généalogie ?

1. Comprendre l’OCR : quand la machine apprend à lire

OCR signifie Optical Character Recognition (reconnaissance optique de caractères).
C’est une technologie qui permet à un logiciel d’analyser une image de texte imprimé (par exemple, une page de registre scannée) pour en extraire le contenu sous forme de texte éditable.

Concrètement :

L’OCR fonctionne très bien sur les documents imprimés du XIXe et XXe siècle, comme les journaux ou les registres d’état civil modernes.
Mais pour les écritures manuscrites anciennes, le défi est plus grand : les lettres varient, les encrages sont inégaux, les papiers abîmés… C’est là qu’entre en scène une version plus évoluée : la HTR.

2. La HTR : quand l’intelligence artificielle déchiffre les manuscrits

La HTR (Handwritten Text Recognition) est une technologie proche de l’OCR, mais adaptée à l’écriture manuscrite.
Elle s’appuie sur l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique (machine learning) : le logiciel “apprend” à lire les écritures anciennes en analysant des milliers d’exemples.

Un outil comme Transkribus, développé par l’Université d’Innsbruck, est aujourd’hui une référence dans ce domaine.
Son fonctionnement :

  1. Des chercheurs ou bénévoles fournissent au logiciel des pages d’archives déjà transcrites.
  2. L’IA apprend à reconnaître les lettres, les styles d’écriture, les abréviations.
  3. Elle devient capable de transcrire automatiquement de nouveaux documents du même type.

Ainsi, un modèle entraîné sur les registres paroissiaux du XVIIIe siècle pourra ensuite “lire” d’autres registres similaires avec une précision étonnante.

💡 Exemple : sur Transkribus, tu peux télécharger une image d’un acte, lancer la reconnaissance, et obtenir une transcription quasi complète en quelques secondes — un gain de temps énorme pour les chercheurs et généalogistes.

3. L’indexation automatique : rendre les archives consultables

L’OCR et la HTR ne suffisent pas à elles seules : il faut encore organiser les données extraites.
C’est le rôle de l’indexation automatique.

Indexation veut dire : associer des mots-clés ou champs de recherche à un document (nom, prénom, date, lieu, type d’acte, etc.) pour qu’il puisse être retrouvé facilement.

Les systèmes d’indexation automatique combinent :

Résultat : tu peux taper un nom dans un moteur de recherche et accéder directement à la bonne page du registre — là où autrefois il fallait feuilleter manuellement des centaines de pages.

4. Les grands acteurs de l’indexation généalogique

Plusieurs plateformes participent activement à cette révolution :

FamilySearch Indexing

Un programme mondial de bénévoles qui a déjà indexé des milliards d’actes.
Chaque volontaire saisit à la main les informations essentielles à partir d’images d’archives (noms, dates, lieux). Ces données sont ensuite vérifiées et intégrées à la base FamilySearch.

Transkribus

Un outil de transcription automatique qui s’adresse autant aux chercheurs qu’aux particuliers.
Il permet de créer ses propres modèles d’écriture et d’obtenir une transcription automatique de documents manuscrits anciens.

Archives départementales

De plus en plus d’archives publiques intègrent des systèmes d’indexation automatique ou semi-automatique.
Certains projets utilisent déjà l’IA pour reconnaître les noms dans les registres numérisés et faciliter les recherches directes.

Geneanet, Filae, Ancestry…

Ces plateformes utilisent aussi des techniques d’OCR et d’indexation pour rendre les documents consultables et liés à ton arbre.
Certaines commencent même à proposer des outils d’indexation collaborative assistée par IA, où les utilisateurs corrigent et valident les résultats proposés par la machine.

5. Ce que cela change pour le généalogiste

L’indexation automatique, c’est une révolution silencieuse.
Elle ne remplace pas le chercheur, mais elle accélère la découverte.
Tu gagnes du temps sur la recherche technique pour te concentrer sur la compréhension et le récit.

Mais il faut garder à l’esprit :

En somme, l’IA te libère du travail répétitif, sans enlever la dimension humaine et sensible de la généalogie.

En conclusion

Grâce à l’OCR, à la HTR et à l’indexation automatique, les archives du monde entier deviennent plus accessibles que jamais.
Ce qui était autrefois réservé aux chercheurs patients dans les salles d’archives devient aujourd’hui ouvert à tous, depuis un simple écran.

Ces technologies ne remplacent pas l’émotion de la découverte, mais elles la rendent plus rapide et plus riche.
Et toi, la prochaine fois que tu trouveras un acte en un clic, pense à tout ce travail invisible d’intelligence artificielle et de bénévoles derrière l’écran.